Les savons cuits
Nous utilisons du savon quotidiennement et pour nombre d'entre nous, ce produit est encore assez mal connu. Quelle est son histoire, comment est-il produit, quelles sont les différentes techniques existantes, pourquoi de telles disparités de prix ? Autant de questions auxquelles nous tenterons sur ce site d'apporter des réponses.
La méthode traditionnelle, dite "au chaudron"
Cette méthode est utilisée depuis 3500 ans. C'est la toute première forme de savon que l’on connaisse. Née à Alep en Syrie, elle succède au natron des égyptiens, bien qu’il en existe des traces en Mésopotamie à Sumer 4000 ans avant notre ère. Cette technique arrive en Europe à Massilia avec les Croisades.
Dans cette méthode, les huiles sont chauffées entre 80°C à 100°C avec une solution de potasse caustique, anciennement issue d’un filtrat de cendres de salicorne (que l'on trouve dans tout le pourtour méditerranéen), riche en potassium (K2CO3 et KOH) et en sodium (Na2CO3 et NaOH) et traité à la chaux pour augmenter la quantité de KOH et NaOH, qui eux seul opèrent la saponification. Après plusieurs jours de cuisson, la pâte est coulée dans des mises construites au sol, refroidie et coupée en gros blocs.
Rares sont les entreprises en France qui continuent d’utiliser ce procédé pour produire l’authentique savon de Marseille, dont la technique et la recette furent fixées par Colbert en 1688. Citons la Savonnerie Le Sérail, la Savonnerie du Fer à Cheval, la Savonnerie du Midi et la Savonnerie Marius Fabre.
Originellement, le savon de Marseille était produit avec de l'huile d'olive à 72 % de la masse. Aujourd'hui, on en trouve beaucoup à base d'huile de palme, ou d'autres huiles. Le savon d'Alep est toujours produit à partir d'huile d'olive et d'huile de baies de laurier, qui lui apporte un peu plus de douceur. Néanmoins, le savon cuit est bien plus détergent que le savon cru, il lave donc plus fort et assèche la peau, car il ne contient plus de glycérine, en raison de la cuisson. C'est par contre une excellente base pour fabriquer sa lessive et ses produits de nettoyage.
La méthode moderne, dite continue
Aujourd'hui, l'industrieproduit la majeure partie du savon que l'on trouve sur le marché. Afin de permettre une production importante et permanente, une technique a été mise au point : le procédé continu. Les huiles sont émulsionnées avec une solution d’hydroxyde de sodium dans un autoclave tubulaire constamment approvisionné en matière, d’où le nom du procédé, à environ 120°C. À l’issue de cette phase, la saponification est terminée. La glycérine est alors séparée du savon (opération de relargage) puis l’excédent de soude est retiré grâce à une solution saturée de chlorure de sodium (opération de lessivage). En effet, le savon contrairement à la soude n’est pas soluble dans la saumure.
La pâte encore chaude et visqueuse s’accumule dans des cuves de rétention munies de malaxeurs qui vont mélanger les additifs :
- agents de texture : glycérine, propylène glycol (pour que le savon ne se fende pas)
- conservateurs : parabène, methylchloroisothiazolinone
- agent masquant : hexyl cinnamal (cache l’odeur âpre du savon)
- fixateur et exhausteur de parfum : benzyle salicylate
- agents chélatants : EDTA, Tetrasodium étidronate (sert de conservateur également)
- parfums de synthèse (résistent mieux aux conditions de fabrication)
- agent de coloration : dioxyde de titane (blanchi et rend les couleurs plus éclatantes)
- etc.
Cette nouvelle pâte de savon sera séchée (opération d’atomisation) puis extrudée, découpée et finalement pressée dans la forme demandée.
Économiquement, ces industries font la majeure partie de leur bénéfice sur la glycérine, qui est un sous-produit de la saponification de forte valeur marchande. Cette dernière leur permet de proposer des savons très peu cher au détail en magasin, de l’ordre de 1,50 euros les 100 grammes.
- Photo : Alvaro, Flickr (CC)
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